Fanny Simon - Mais Que Vont Dire Les Voisins ?

Fanny Simon au Boui-Boui : l’art du voisinage, entre confidences et éclats de rire

Au Boui-Boui, nous aimons accueillir des voix singulières qui transforment le quotidien en feu d’artifices scéniques. Avec Fanny Simon et son spectacle “Mais que vont dire les voisins ?”, notre petite salle devient l’immeuble le plus vivant de Lyon, où chaque palier dévoile son théâtre intime. Nous la recevons dans un moment-clef de sa création, quand l’écriture s’aiguise au contact direct du public, quand les silences, les regards et les rires dessinent la partition finale. Sur notre scène à taille humaine, Fanny s’empare de ces micro-gestes qui rendent la vie en commun si drôle et parfois si absurde : l’interphone qui sonne à l’heure du dîner, les messages coincés sous la porte, la discrète guerre des poubelles ou la diplomatie de la machine à laver partagée. Son actualité artistique se joue ici et maintenant, à même la salle, avec de nouveaux passages testés en conditions réelles, une énergie nerveuse qui convoque à la fois le stand-up mordant et la précision d’un jeu d’actrice. Nous sommes témoins privilégiés de cette maturation, de ce calage millimétré du rythme, des relances et des chutes, qui fait naître ce rire complice cher au Boui-Boui.

“Mais que vont dire les voisins ?” : un spectacle qui résonne dans chaque couloir du Boui-Boui

Le spectacle déroule un panorama savoureux de la vie en copropriété, avec ses alliances tacites et ses mini-dramas, que Fanny Simon transforme en matière comique ductile. La mise en bouche est immédiate et le public se retrouve embarqué dans une narration à la fois vive et précise, où les personnages se répondent à travers les murs mitoyens. Parmi les temps forts qui font déjà mouche chez nous, on adore la nervosité jubilatoire de “Le Palier”, l’irrésistible ping-pong collectif de “La Réunion de Copro”, ou encore “Le Mot sur la Porte”, petit bijou d’observation sur l’art de la passivo-agressivité. On rit aussi beaucoup avec “La Chaîne WhatsApp du Quartier”, qui décortique les infox, les SOS perdus et les photos floues à 3 h du matin, et avec “Le Chien du 2e”, où chaque aboiement devient une note dans la grande symphonie d’immeuble. Cette écriture par vignettes, ourlée de détails sensoriels et de tempos variables, se prête idéalement à l’intimité du Boui-Boui : les apartés respirent, les personnages s’installent, la salle devient un décor vivant. Notre proximité scénique décuple l’adresse de Fanny, qui joue de l’écoute collective comme d’un instrument, jusqu’aux chuchotis complices qui précèdent les grosses déflagrations de rire.

Ce passage au Boui-Boui s’inscrit dans l’actualité artistique la plus fraîche de Fanny Simon : une phase de plein élan où l’autrice-interprète affine la matière et ose des séquences toutes neuves, parfois improvisées, parfois déjà très charpentées. Nous voyons naître sous nos yeux des blocs comiques promis à une belle longévité, comme “Avis de Passage”, “L’Assemblée Extraordinaire” ou “Apéro du Mardi”, autant de titres qui racontent l’obsession joyeuse de Fanny pour les codes implicites du voisinage. Elle éclaire, avec une tendresse lucide, ce que l’on cache derrière les portes entrouvertes : la pudeur, l’orgueil, la peur du bruit et l’envie, malgré tout, de faire communauté. Dans la configuration de notre salle, chaque respiration compte, et Fanny s’en empare pour ciseler des chutes qui frappent net. Nous l’accompagnons avec enthousiasme dans cette période de rodage à haute intensité, convaincus que “Mais que vont dire les voisins ?” trouvera ici une résonance singulière. Au Boui-Boui, nous aimons quand l’humour sert d’oreille contre le mur : on écoute, on se reconnaît, on rit ensemble, et l’immeuble — le nôtre, le vôtre — paraît tout à coup plus habitable.