Abdellatif Jebbari - Echec Au Roi

Au Complexe - Salle du Bas, une soirée stratégique avec Abdellatif Jebbari

Depuis notre scène de poche, Le Complexe - Salle du Bas, nous aimons voir naître des spectacles qui parlent au présent. Avec Abdellatif Jebbari, c’est un humour au cordeau qui s’installe, un sens du rythme qui profite pleinement de l’intimité de la Salle du Bas et d’une proximité avec le public que nous chérissons. Son spectacle Echec au Roi choisit l’échiquier comme miroir du quotidien: la logique des coups, l’art de la parade, les gambits qu’on ose et les mat qu’on redoute, dans la vie comme sur scène. Chez nous, le comique s’autorise à prendre le temps de poser un regard précis, généreux, jamais cynique, sur la famille, l’ascension sociale, les rites de la ville, les amours qui tanguent et les petites stratégies dont on rit parce qu’on les connaît trop bien. Nous l’avons vu peaufiner ses transitions, jouer des silences, se lancer dans des apartés avec une aisance qui met la salle en mouvement. Echec au Roi est un titre-programme: Abdellatif s’y amuse à renverser les positions établies, à célébrer les contre-attaques malines, et à rappeler que, souvent, l’échec n’est qu’un coup d’essai avant la combinaison gagnante.

Echec au Roi: écriture affûtée, jeu de scène et interaction

Sur notre plateau, le comédien déroule une écriture vive, où l’image frappe d’emblée: une file d’attente administrative devient une partie en zeitnot, un dîner de famille se transforme en finale de rois, un premier rendez-vous ressemble à une ouverture trop vite apprise. L’énergie d’Abdellatif Jebbari joue sur la précision des mots et le décalage physique: un regard qui glisse, un pas en retrait, un accent qui s’invite pour camper un personnage; et l’on rit autant des situations que de la musicalité du texte. Nous aimons la manière dont il fait rebondir chaque punchline sur une interaction: un prénom repéré, un rire franc qui relance, une salle qui devient partenaire de jeu plutôt que simple spectatrice. La Salle du Bas, par sa configuration chaleureuse, permet ces virages sur l’aile: une vanne improvisée rattrape une idée, un souvenir personnel s’assemble à une anecdote du premier rang, et le tableau s’enrichit. Echec au Roi parle d’apprentissage et d’instinct: qu’on connaisse les règles ou qu’on joue « au feeling », l’essentiel est d’oser déplacer sa pièce. C’est cette audace, élégante et populaire, que nous sommes fiers de faire résonner ici.

L’actualité artistique d’Abdellatif s’écrit au pluriel, entre scène et écrans. Dans nos murs, nous le voyons affiner des passages inédits, resserrer des formulations, tester des relances qui, de soir en soir, prennent leur couleur définitive. Hors plateau, il partage aussi des formats courts et des extraits captés en live, prolongeant l’échange avec un public qui le suit de plus en plus fidèlement. Son inspiration s’inscrit dans un stand-up francophone en pleine effervescence, nourri par des rendez-vous et émissions récentes qui donnent le pouls de la création: Génération Paname, Clique Comedy Club, One More Joke ou encore les galas du Montreux Comedy, autant d’ambiances qui confirment l’appétit du public pour une parole drôle, agile, et ancrée dans le réel. Dans Echec au Roi, on retrouve ce souci du détail: des personnages esquissés en quelques traits, des situations du quotidien observées avec tendresse, une façon d’embrasser la salle sans perdre la ligne de force du récit. Au Complexe - Salle du Bas, nous aimons particulièrement cette balance entre maîtrise et spontanéité: un texte solide, un jeu vif, et la liberté d’un comique qui sait que chaque représentation est une nouvelle partie à jouer avec celles et ceux qui la vivent.